edurtreG est un « outil » virtuel qui examine et « regarde » Gertrude (voir « Qu ‘est-ce que Gertrude ? »).

Il se présente comme Gertrude sous la forme d’un blog mais à la différence de ce dernier, il n’est composé que de textes.

La succession d’articles publiés ne dépend que de l’état de la réflexion que je mène sur Gertrude ce qui implique une certaine irrégularité dans le contenu et la temporalité.

samedi 8 septembre 2012

Arts Plastiques




Plus j’avance dans le temps de Gertrude, plus je m’interroge sur la relation que cette expérience entretient avec les Arts Plastiques.

Les Arts Plastiques ont déjà pour moi une double entrée : ils sont l’objet de mon activité professionnelle mais, également, ils sont le centre de mon intérêt personnel de plasticienne ; j’ai donc à leur égard une double position, extérieure et intérieure, j’en suis spectatrice et actrice.

Avant l’expérience de Gertrude sur Internet, je peux considérer que j’étais une plasticienne lambda, plutôt peintre, un peu bricoleuse, un peu photographe et peu versée dans les nouvelles technologie. J’étais pleinement engagée dans une expérience matérielle des arts plastiques, forte de ma formation de praticienne à l’école des Beaux-Arts.

L’introduction d’Internet dans ma pratique s’est rajoutée à cette expérimentation comme un nouveau medium à explorer ; mais contrairement à un moyen dit « classique » comme la peinture, le dessin ou la photographie, qui implique un rapport immédiat à la forme et à la matérialité de constituants plastiques, la mise en ligne redouble cette relation, impose une distance qui lui est propre, introduit l’impalpable et l’impossibilité de l’appréhender comme un tout.

Ainsi le blog de Gertrude se fonde sur une réelle activité plasticienne de ma part, peinture, dessin, bricolages, broderie, installation, performance, vidéo, photo et c…, il rend compte de cette production on ne peut plus matérielle, mais développe également sa véritable autonomie de blog et d’entité virtuelle, impliquant non seulement une sorte de déroulement temporel, mais également une dimension d’information et de communication, voire de publicité.

Très rapidement ces deux aspects « matériel » et « virtuel » sont devenus indissociables au point de ne pas pouvoir fonctionner l’un sans l’autre, chacun imposant sa loi dans le champ de l’autre ; d’une part le « matériel » tente d’exister par le truchement de l’image photographique, que je veux la plus démonstrative possible au point de « bluffer » par quelques supercheries numériques sur la qualité de productions qui ne sont pas toujours à la hauteur de mes ambitions ; d’autre part, le « virtuel » impose son rythme de média éphémère dévoreuse d’évènements, m’obligeant à produire sans cesse de nouvelles images, d’inventer des situations attractives et intrigantes, de réfléchir mon travail en tant que mises en scène, d’entretenir un échange avec les visiteurs, d’empiler sans fin de nouvelles données aussi rapidement qu’elles se périment.

La construction impalpable et irreprésentable que le blog entraine, constitue une sorte d’organisme en croissance constante qui ne peut être perçu en totalité tant les méandres (liens et autres raccourcis virtuels) se sont multipliés, tant les commentaires eux-mêmes y rajoutent de substance.

Il est vertigineux de penser que cette structure accumulative ne peut être sauvegardée d’aucune façon et risque de disparaître à tout moment d’un clic ou à cause d’un bug informatique.

Cette démarche qui comprend une activité « classique » de plasticien et sa publication sur le Web m’oblige à une double approche, dont l’une emprunte peut-être au domaine hybride, où tout peut encore inventé, de la forme et de la communication virtuelle.

8 commentaires:

  1. Je me suis toujours demandé quelle différence vous pouviez faire entre votre métier et le projet Gertrude. Vous êtes un peu comme un pâtissier qui ferait des éclairs au chocolat le soir après une journée de boulot. Personnellement mon activité "Machefort" n'a strictement rien à voir avec mon boulot et l'aspect récréatif et exotique du dictionnaire est majeur et primordial.
    Gertrude est multi-activités et cette richesse de techniques et de médiums est aux antipodes du concept "Machefort" qui reste dans un sillon tétraplégique.
    Au bout de quatre années, l'hydre polychromique Gertrude m'apparaît comme un cosmos avec ses systèmes planétaires, ces étoiles mortes, ces trous noirs et autres super-novas.
    Gertrude a son propre langage et avec le Temps on a droit d'avoir des références historiques sur le sujet, références qu'un petit lien internet permet de resituer facilement, renforçant l'aspect encyclopédique voire continental des affaires du crâne.

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  2. Vous ne m'aviez jamais écrit un tel commentaire, cher Sébastien! Et cela me touche.
    Mais je savais déjà que mieux que quiconque vous aviez compris mes petites activités: oui, Gertrude est mon éclair au chocolat à défaut d'intelligence, ma chouquette desséchée, mon chou à la crème défunte, bref mon poumon d'acier sans lequel je serais déjà morte ou pire momifiée!

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  3. Je ne me suis jamais demandé quelle différence vous pouviez faire entre votre métier et le projet Gertrude. J'ai toujours considéré les éclairs au chocolat faits maison comme ce qui donne une raison de vivre. Le travail du pâtissier est seulement un moyen de vivre.

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    1. Nous sommes d'accord; et à vrai dire je ne vois pas grand chose de commun entre mes deux activités; mais je commence à soupçonner que c'est parce que je refuse de le voir et qu'il y a plus d'une connivence entre les deux, c'est troublant.
      Mais sur les éclairs au chocolat je suis entièrement d'accord avec vous.
      Je suis en plein délire avec la pâte à choux en ce moment.

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    2. Bien sûr qu'il y a connivence entre vos deux mondes. Ce désir de regarder vivre Gertrude à distance, en l'interrogeant, la malaxant, l"analysant", vous pensez vraiment que cela n'a rien à voir avec vous, avec votre métier ?
      Je suis assez profondément réfractaire à la schize et je ne crois pas qu'il y ait de cloisons étanches entre nos multiples activités. Elles se jouent sur d'autres modes, en parallèle, en confrontation souvent mais elles s'alimentent nécessairement les unes les autres. L'intérêt des vies multicartes c'est de comprendre ce qui glisse d'un espace à l'autre, ce qui se modifie, se transforme, se retourne, se lie, se tord, se tisse. Cela dit la pâte à choux c'est très bon, surtout quand elle est pleine de crème au café...

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    3. C'est drôle, cette focalisation des commentaires sur ce que j'évoque juste dans la deuxième phrase de cet article. Cela prouve bien que, là, il y a sûrement quelque chose à creuser et cela me fournira probablement le prétexte à un autre article; j’y vois la promesse d’une richesse pour ce nouveau blog, où ce genre d'orientation ou de bifurcation de la conversation tiendra pleinement son rôle.
      Pour vous répondre, Marguerite, ce que vous dites est évidemment et complètement juste, mais comment pourrais-je l’admettre sans faire tourner ma pâte à choux ? Car Gertrude est par essence pétrie de déni, elle en a même fait sa chair; Elle cultive le mensonge et l’aveuglement. Mais, direz-vous, il s’agit là d’un point de vue intérieur, celui des yeux hybrides du Capitaine qui n’est ni Gertrude ni Juliette ; edurtreG, quant à elle ne peut que reconnaître les porosités évidentes entre mes diverses activités, mais qui dit porosités ne dit pas nécessairement une reconnaissance réciproque. Il me semble que d’une part je peux constater, voire analyser cette osmose, mais que d’autre part je me dois d’ignorer à partir de chacun de mes territoires plasticien la part secrète de l’autre derrière le miroir si je veux continuer à fonctionner sereinement. En accepter un va-et-vient évident serait risquer de rendre une de mes pratiques cannibale de l’autre. Mais pour résumer, Gertrude doit peut-être continuer son chemin sur des zones d’ombres dont edurteG serait le dernier avatar absurde et contradictoire !

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  4. Ah, le commentaire de Marguerite m'a interrogée.
    J'ai donc réfléchi et me suis aperçu en effet que le métier que je fais actuellement n'est pas un vrai métier. On a beau dire, c'est un sacerdoce. Même en vacances (dans le sens "temps vacants") puisque l'on en profite pour l'alimenter en lectures et visites de musées.
    Et c'est là qu'elle a raison car auparavant lorsque je travaillais dans des domaines totalement différents, je n'éprouvais pas ce besoin impérial de créer pour rien. Avant, je créais pour vendre. Eh bien c'est moins marrant. Voilà.
    Vive les éclairs et autres petits choux !

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  5. Je suis parfois très tentée d'enseigner la fabrication de la pâte à chou et de tous ses dérivées, et je veux bien rentrer dans les ordres pour confectionner des éclairs et des gertrudes en chocolat.

    Bon, moi je dis n'importe quoi ce soir, après une journée abrutissante...

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