Commencer à écrire sur ma pratique en résume toute la
difficulté ; en effet commencer par quoi ?
Je m’aperçois, en lisant mes premières lignes que j’ai déjà
écrit trois articles sans parler une seule fois du véritable objet de ce blog,
à savoir Gertrude. À l’évidence j’ai autant de difficulté à en parler que j’ai
de facilité à produire des mises en scènes à son propos.
Le « commencer par quoi ? » me replace face à
la nécessité de trouver un fil, de tirer un premier fil de ma pelote, encore
faut-il que cela soit le bon, celui qui entrainera, enchainera la cohérence de
mon propos ; mais il me semble que je dois me défendre de ce penchant si
je veux garder un minimum de sincérité.
Et naturellement je ne peux commencer que par ce problème de
la logique : la logique de Gertrude, plutôt celle que je lui ai fabriqué
dans l’espace virtuel.
Car, a priori, il n’y a pas vraiment de logique ni
d’évidence à se retrouver face à un crâne ; la seule réalité du crâne est
la tangibilité de sa matière, rien d’autre ; le reste n’est que fantasme,
car sa réalité de reste humain ne rencontre pas la notre, et son état nous est
inenvisageable, au sens propre comme au sens figuré, si j’ose le dire ainsi.
Mais j’aurai l’occasion de revenir sur ce problème de
réalité ; ce qui m’intéresse ici c’est la construction que j’ai pu
fabriquer autour de Gertrude pour que toute cette affaire tienne debout, pour
que « Gertrude » accède à une forme de réalité, presque de réalisme.
Gertrude, ou plutôt l’ensemble des espaces virtuels la
concernant, répond entre autre à une logique implacable, un cadre indéfectible,
celui du temps ; pas un temps subjectif, mais le temps objectif, celui de
la pendule ou du calendrier.
Car une des « réalités » qui s’impose dans le
face-à-face auquel je m’adonne depuis quatre ans et demi, c’est le décalage
entre son temps arrêté et le mien qui continue à filer.
Dans le(s) blog(s) de Gertrude, la scansion du temps s’est
installée tout naturellement, presque inconsciemment ; d’abord dans le
rythme du blog lui-même, « journal » virtuel qui demande son dû et se
rappelle à nous dès que nous le négligeons tant soit peu ; le blog de
Gertrude est une sorte d’organisme qu’il faut nourrir, et il n’a pas fallu
longtemps avant qu’il ne joue le parallélisme avec mon propre organisme, mon
propre cycle vital. D’élément immobile et mort, Gertrude, par le truchement du
blog, et ses exigences de « journal » a acquis une forme de faculté,
celle d’avancer, d’évoluer, de penser, de parler ; cela devient un élément
agissant, ou plutôt un élément qui me permet d’agir.
Des glissements voire des dérapages de cette confrontation,
j’aurai l’occasion d’en parler plus en détail ; comme je développerai
également les fonctions de cette temporalité.
Mais le temps n’est pas la seule logique des blogs de
Gertrude.
Même le passage du temps corrode l'os. Même si on détruisait toutes les montres,les horloges, tout ce qui mesure l'écoulement des jours, l'ossature de ce qui est passage, tout existerait et s'userait jusqu'à devenir particules de poussière.
RépondreSupprimerMais la Création est.L'acte créatif est une action non anodine.
Le fantasme est fantastique !!!
Mais le crâne est une image immuable qui résiste au temps de l'os et fait filer notre temps plus vite.
SupprimerMerci Hécate de ce commentaire attentif et attentionné.
Eh oui ! L'os court toujours... et, comme je le disais (je crois) dans mon face à face avec Gertrude, faire "vivre" un crâne fait vivre le mort au-delà de la mort. Cela donne un sens au mot "beauté".
RépondreSupprimerIl n'est plus possible aujourd'hui d'acquérir un crâne : la loi assassine les morts définitivement et ça me tue.
J'aurais bien aimé voir mon crâne sur une étagère... C'est vain.
Je vous y voit bien, mais le plus tard possible!
SupprimerMais je ne serai pas là pour vous cajoler, je ne pourrai que vous y côtoyer.